Presse : trouver la bonne formule

Bruno Lafosse
4 minutes

Collage de pages de journaux et magazines réalisés par Boréal et ses partenaires

Pour les publications territoriales, le changement c’est maintenant. À distance d’échéances électorales locales (sauf si votre maire est candidat aux européennes), 2024 s’annonce comme l’année idéale pour lancer une nouvelle formule de votre publication territoriale. Évolution ou révolution ? Plusieurs fois primée, l’équipe de Boréal vous livre quelques conseils pour trouver la formule qui vous convient.

 

Pourquoi une nouvelle formule ?

D’abord parce que le journal municipal est le support de communication préféré des Françaises et des Français : 78 % s’y intéressent d’après le baromètre de référence Epicéum réalisé par Havas Interactive en partenariat avec Cap’Com, la coopérative des communicants publics. Le journal municipal progresse de 7 points par rapport à l’avant Covid. Il distance de 20 points médias locaux, radios et journaux. Dans un mix média complexifié (les Français consultent 10 supports d’information), le journal de collectivité et de territoire a encore de belles pages à écrire…

Changer, mais changer quoi ?

La nouvelle formule d’un journal territorial répond avant tout à des enjeux stratégiques de communication. On ne change pas juste pour être dans l’air du temps, mais parce qu’on veut proposer une nouvelle grille d’information à son lectorat. Par exemple, la nouvelle publication répond à un besoin de partager le nouveau projet de territoire, de valoriser des politiques publiques, de dynamiser les pratiques citoyennes ou de partager l’information pratique pour favoriser l’accès au service public…

Le renouveau du projet éditorial est un élément central de réflexion et de décision. Format, périodicité, positionnement, ton : tout doit être questionné ! On peut repenser son journal à partir des besoins des lectrices et lecteurs. La nouvelle formule peut aussi être l’occasion redonner du dynamisme aux modes de traitement journalistique pour sortir de l’approche simpliste entre annonce/compte rendu. Autre enjeu : remettre à plat l’ensemble de l’information produite par la collectivité pour replacer le journal au cœur d’un éco-système comprenant les réseaux sociaux et le digital et développer les complémentarités. On ne fait plus un canard au XXIsiècle comme on le faisait au XXe. À ce propos, osons les sujets qui fâchent : se poser la question des apports de l’intelligence artificielle. Aide à la rédaction et la simplification, création de visuels… les possibilités sont immenses. Encore faut-il fixer des règles et jouer la transparence.

Bien évidemment, on peut aussi éprouver le besoin d’une maquette plus actuelle et plus lisible. Dans ce cas, on travaillera à un projet d’évolution de formule essentiellement graphique. On en profitera pour faire un grand ménage en simplifiant au maximum le chemin de lecture et l’accès à l’information.

Plus vert, moins cher

La refonte du journal territorial est aussi l’occasion de répondre à des enjeux budgétaires et écologiques. Consommer moins de papier et uniquement du papier certifié, utiliser moins d’encre en limitant les aplats de couleur ou en choisissant des polices, passer aux encres végétales… Autant de dimensions incontournables d’un projet. Édité par la ville et la métropole, le nouveau magazine Ici Rennes intègre dès sa conception une logique de sobriété avec une production éco responsable : impression à froid, sans séchage, sur du papier 52 grammes recyclé et sans perte de matière première. Autre élément d’économie, une fusion entre la publication municipale et celle de la métropole, comme c’est le cas à Brest avec Sillages dont Boréal a signé la formule en 2021. On peut aussi en profiter pour travailler sur la sobriété éditoriale : ne pas alimenter l’infobésité, ce phénomène de saturation que nous éprouvons face au trop-plein d’information.

Des outils existent pour vous aider : l’Ademe a produit un guide de la communication responsable, incontournable. De son côté, l’imprimeur Riccobono a eu la bonne idée d’éditer un guide très instructif à « l’usage des communicants des collectivités locales et territoriales et des élus » pour concevoir et imprimer une publication de transition écologique.

Comment s’y prendre ?

On ne change pas de formule de journal comme de chemise ! II est indispensable de tracer clairement les contours du projet avant de se lancer. Une note d’intention détaillant les objectifs de la refonte, la démarche, les moyens et le calendrier doit être établie et validée par les tutelles administratives et politiques. On aura tout intérêt à mobiliser toutes les ressources en amont pour construire un projet réaliste dans sa mise en œuvre : journalistes, graphistes, imprimeur, diffuseur, service des marchés…

Outil de citoyenneté, la refonte d’une publication territoriale à tout à gagner à se nourrir d’une démarche de démocratie locale. Pourquoi ne pas organiser des ateliers avec les habitantes et habitants pour identifier leurs pratiques en matière d’information locale, recueillir leurs attentes, tester des idées… Bref sortir d’une réflexion de professionnels en vase clos et intégrer les destinataires de notre communication. L’expérience est le plus souvent stimulante !

Se faire accompagner

La presse territoriale, c’est un métier ! Pas plus qu’on fait « un p’tit visuel » en on fera « un p’tit journal » sur un coin de table. Proposer et formaliser un projet éditorial et rédactionnel cohérent imaginer une maquette fonctionnelle d’un numéro sur l’autre ne relève pas de l’improvisation. Pareil lorsqu’il s’agit d’organiser la complémentarité entre support imprimé et information digitale. L’accompagnement externe n’est évidemment pas obligatoire. Mais il se justifie pleinement dès lors qu’on veut prendre du recul, s’inspirer de bonnes pratiques, monter en compétence ou organiser le dialogue avec les destinataires de la communication publique. Et surtout, réussir la mise en œuvre de son projet. Car la nouvelle formule, c’est comme l’info : il faut qu’elle soit fiable et qu’elle arrive au bon moment…