Silence, ça pousse

Bruno Lafosse
2 minutes

Les vrais influenceurs ne sont pas sur Insta ou sur You tube ! Le Monde le révèle : Mosanto a fiché illégalement 200 personnalités françaises et les a réparties sur une magnifique cartographie selon leur degré d’opposition ou d’adhésion à la noble cause du Glyphosate. Certaines de ces personnalités se voient même affublées d’annotations intéressantes : « à éduquer », « à recruter », voire « à surveiller » en vue de les faire basculer du côté de la force du géant de l’agrochimie…

Comment dire ? Pas seulement que ça fait peur. Pas seulement que ça en dit long sur les moyens dont se dotent les firmes pour faire pencher les décisions publiques de leur côté, qui n’est pas toujours celui de l’intérêt général… À l’image des millions dépensés par Coca-cola pour détourner l’attention de la communauté scientifique sur la dangerosité du sucre dans ses breuvages.

On veut bien passer pour le naïf de service et s’étonner de voir à l’œuvre des armées de stratèges et de communicants qui n’ont d’autre éthique que de faire gagner le client par tous les moyens. Y compris en pervertissant le système démocratique, en influençant les journalistes, les chercheurs, les élus. Et tant pis si la planète crève. Tant pis si notre santé est mise à mal. Tant pis si tout ça agit comme un engrais (chimique) qui fait pousser le complotisme plus rapidement qu’un pied de maïs OGM.

Et nous, on fait quoi ? On se prend à rêver de transparence et de nouvelles pratiques d’intervention citoyenne, mais aussi de lois et de régulations qui interdisent et répriment ce type de pratiques, au nom d’un truc qui s’appelle l’intérêt général et sa garante, la démocratie.

À notre niveau, on se dit qu’on va continuer à faire notre com publique et citoyenne. Nous n’avons pas les millions, mais des mots, des images et des valeurs. Modestement, on restera donc « à surveiller » et « à éduquer ». Espérons pas « à recruter ».